
Au pays des coupeurs de têtes
Presque deux semaines que nous enchainons un véritable marathon des retrouvailles familiales, sous un ciel larmoyant, tant en Bretagne qu’au Pays Basque.
Ce début 2016 nous avons été bien silencieux, faute de connexion suffisamment rapide il nous était impossible de charger la moindre image ou nouvelle, pourtant notre quotidien a été richement rempli de nouvelles découvertes et du magnifique sourire philippin ! Nous publions aujourd’hui quelques nouvelles et images restées en attente, et une vidéo d’Asie Centrale suit de près…
Ce mois de janvier, Nicolas poursuit sa formation de Dive Master au centre de plongée à El Nido mais trouve le temps de s’échapper quelques jours en expédition plongée à Coron dans le nord de Palawan.
Une navigation de 7 heures est nécessaire pour rejoindre l’île de Busuanga. Au fil des eaux turquoises défilent îles et îlots du nord de Palawan, le bateau fait escale dans un petit village de pêcheurs du bout du monde aux maisons sur pilotis. Arrivée à Coron, où le 24 septembre 1944 une quinzaine de bateaux de ravitaillement de l’armée japonaise, qui se cachaient dans la baie, ont été coulé par les forces de l’air américaines. Promenades sous-marines dans les entrailles de quatre épaves coulées entre 20 et 30 mètres. La plongée la plus technique de l’expédition est sur l’épave Irako : à 40 mètres de profondeur entrée dans l’épave par une étroite fissure située proche du propulseur, presque impossible de se mouvoir dans cet étroit boyau métallique où chaque coup de palme doit être maitrisé pour éviter de soulever les fonds sablonneux et s’assurer une visibilité minimum. De petites pièces en petites pièces, découverte du bateau.
Autre curiosité : le lac d’origine volcanique Barracuda qui possède une étrange thermocline (différence de température entre deux eaux). Sous l’eau, nous passons d’une température de 28°C à 38°C. En franchissant les thermoclines, les strates des différentes couches d’eaux sont nettement visibles.
Pendant ce temps Sophie & Stéphanie partent explorer les terres, commençant par le centre de l’île de Palawan.
Escale à Sabang pour découvrir la rivière souterraine, un site classé au patrimoine mondial naturel à l’unesco. Chaque jour des centaines de visiteurs, principalement philippins, arrivent à Sabang, embarquent en direction de la rivière et repartent après le déjeuner. Ainsi malgré la forte fréquentation, le village est agréablement calme en soirée et quantité de randonnées alentours sont possibles et ne sont absolument pas fréquentées.
Au petit matin, c’est avec grand plaisir que nous partons en barque découvrir la mangrove alors que la faune est en éveil : des singes sont en recherche de nourriture, chasseurs nocturnes les beaux serpents des mangroves se lovent sur les branches pour leur sommeil diurne, et quantité d’oiseaux se font voir et entendre.
En compagnie d’une jeune guide locale, nous rejoignons la rivière souterraine à pied lors d’une charmante randonnée en pleine jungle à l’écart des foules. Incroyable atmosphère tropicale, les arbres rivalisent entre largeurs de tronc et hauteur de cimes et nous traversons des chaos de karst percés de toutes parts.
A l’entrée de la rivière des centaines de visiteurs attendent, quelques singes sont à l’affut de nourriture facilement dérobée aux touristes et d’énormes varans passent nonchalamment. La rivière souterraine, longue de 8 km, est un gouffre dont les plafonds atteignent jusqu’à 90 mètres de hauteur. Par milliers les chauves-souris recouvrent l’ensemble des parois au dessus de nos têtes et les guides ne cessent de répéter de « ne pas ouvrir la bouche en regardant au dessus de vos têtes ! ».
Nous décollons vers l’île principale des Philippines : Luzon, et atterrissons à Manille. La capitale des Philippines est à l’image des joyeux désordres bouillonnants d’Asie. Mais la ville est tout particulièrement généreuse en odeurs pestilentielles variant de l’urine, aux poubelles et eaux croupies. La « plage » est un étonnant amoncellement de plastiques et autres détritus dans lequel se baignent et jouent des enfants. Pourtant, passant outre ces constats désolants sur la triste gestion des déchets et du traitement des eaux usées, en sillonnant un peu, la ville révèle ses charmes et points d’intérêts. Le cimetière chinois est une étonnante ville dans la ville, où les tombeaux semblent être de douillets lofts, avec même pour certains d’entre eux la climatisation et l’eau courante. Le Parc Rizal accueillent des dizaines de promeneurs, amoureux et familles, les uns pique-niquent alors que les autres jouent aux cartes, des étudiants rient et des enfants jouent, des groupes s’entrainent aux arts martiaux alors que d’autres font leur jogging. Enfin, coeur historique de la colonie espagnole : Intramuros. Cette ville coloniale fortifiée au sein de Manille a été presque entièrement détruite par les japonais pendant la guerre. Malgré les ravages de la guerre, Intramuros a conservé beaucoup de charmes avec ses rues pavées, ses bâtisses coloniales, ses églises dont l’église San Agustin classée au patrimoine mondial à l’unesco.
Nous prenons la route vers la Cordillère Centrale, de virage en virage, la route s’élève progressivement. Arrivée dans la région de Banaue au petit matin, pour observer le lever de soleil à travers les nuages. C’est notre seule éclaircie du jour car une pluie diluvienne s’abat sur le relief et nous passons la journée la tête dans la grisaille humide ; une météo digne de la saison humide ! Les jours suivants la grisaille s’estompe peu à peu, nous rejoignons le village de Batad classé au patrimoine mondial de l’unesco pour ses incroyables rizières en terrasses.
Les minorités ethniques sont nombreuses sur l’île de Luzon, et tout particulièrement dans la cordillère. A Batad nous sommes en région Ifugao. Les enfants apprennent la langue ifugao à la maison, puis l’anglais et le tagalog à l’école.
Rares sont les personnes qui revêtent encore les tenues traditionnelles, hors période de festivals. Pourtant aux points de vue sur les rizières des silhouettes chétives, transies par le froid et écrasées par le poids des années somnolent. Restant recroquevillées jusqu’à l’approche d’un véhicule de tourisme, alors elles s’agitent, déploient leurs couvertures et laissent apparaitre de belles tenues ifugao. Pour ces anciens, à qui l’on ne saurait donner d’âge, quelques pesos obtenus grâce aux photos des touristes sont un bon complément d’argent à apporter à la famille.
Nous poursuivons la traversée de la cordillère, entre Banaue et Bontoc la route s’élève dans les nuages ne laissant apparaitre que d’énigmatiques silhouettes de fougères arborescentes. Un premier col passé et la route dévoile peu à peu une succession d’incroyables panoramas sur le relief et toujours plus de rizières en terrasses.
Lors d’une visite de l’excellent musée ethnographique de Bontoc, nous découvrons les différentes coutumes ancestrales des tribus de la cordillère. Nous observons avec frissons des clichés du début du 20e siècle de chasseurs de tête rentrant fièrement de « chasse » avec leur trophée humain, sans tête, cette dernière étant exposée en trophée de chasse dans le coeur de village. Pratique aujourd’hui disparue.
Quelques cols plus loin, la charmante petite bourgade de montagnes de Sagada est couverte de pinèdes, un vrai régal pour partir en randonnée dans les alentours. Sagada est surtout connue pour ses grottes ses curieux cimetières, car les anciens ne se font pas enterrer, mais suspendre aux parois des falaises.
La traversée de la cordillère se poursuit, de cols en cols, de balcons en balcons, les paysages sont à couper le souffle ! Escale rapide à Baguio, grosse bourgade étudiante au marché bouillonnant de vie.
Il est temps de rejoindre l’île de Palawan, et El Nido, car le retour approche…
Jeune Ifugao au sourire malicieux
Batad, classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO pour ses rizières en terrasses
Manille pendant les fêtes de l’ASEAN (regroupement des pays du sud-est asiatique)
Sabang