
Philippines entre terre et mer
Archipel riche de 7107 îles et îlots, nous arrivons aux Philippines sur l’île de Palawan. Nous faisons escale à Puerto Princesa où nous sommes accueillis par des chants de Noël et un sapin haut d’une quinzaine de mètres. C’est une bonne piqure de rappel pour nous faire réaliser que nous sommes en hiver, car ce climat et cette végétation tropicale nous induisent facilement en erreur. Partis en hiver de Bretagne nous avons fait le tour des saisons.
Retour en terre catholique après avoir traversé en 19 pays un riche éventail du fait religieux mondial : depuis les confessions chrétiennes catholique et orthodoxe, les confessions musulmanes sunnites et chiites, le zoroastrisme, puis le bouddhiste theravada, sans oublier l’animisme originel encore vivement présent dans de nombreuses régions.
Bien que géographiquement en Asie du Sud Est, les Philippines dénotent culturellement de par une constitution multi-ethnique et un héritage issu d’un mélange de 300 ans de colonie espagnole suivie de 50 ans d’occupation américaine. Toute l’administration est rédigée en langue anglaise, et le niveau d’anglais est généralement bon, nous facilitant la communication.
Notre équipe s’agrandit puisqu’à Puerto Princesa, fraichement débarquée de Bordeaux, Sophie vient apporter quelques sonorités chantantes du Sud Ouest à notre quotidien.
Nous rejoignons tous les trois El Nido au Nord de l’île. Ancien village de pêcheur, El Nido est devenu une petite cité balnéaire. Elue « meilleure île du monde » l’an dernier par différents magazines de tourisme, Palawan connait une affluence touristique grandissante.
Nous posons nos sacoches à Caalan, situé à deux pas du centre de El Nido ce petit village est relié seulement par une étroite piste accessible seulement aux deux et « trois roues ». Contrastant avec l’ébullition touristique de El Nido nous savourons l’ambiance rurale de Caalan. Nous sommes à 100 mètres de la plage entourés de cocotiers, nos propriétaires et notre voisinage familial sont aussi souriants que chaleureux, les enfants jouent, les chiens et chiots déambulent et les coqs chantent à longueur de journée.
Hauts perchés, comme sur des échasses, les coqs sont entrainés au combat ainsi ils passent leurs journées attachés à une cordelette. Passion indétronable des philippins, les combats de coqs sont un véritable sport national, chaque famille possède au minimum un ou deux coqs et les combats sont fréquents sur les chaines télévisées nationales. Après avoir énergiquement crié leurs mises, le combat est aussi rapide que violent et le perdant fini immanquablement à la casserole.
Aux Philippines nous découvrons aussi le « tuk tuk » local, appelé « tricycle ». Il s’agit d’une moto enveloppée d’une carrosserie avec une troisième roue, ces moto-taxi peuvent accueillir 3 à 4 passagers.
Chaque soir sur la plage de El Nido de jeunes garçons, petites glacières aux bras, crient « balut ! ». Les balut sont des oeufs de cane bouillis dont l’embryon est partiellement développé. Même si nous nous régalons toujours par la découverte des gastrotomies locales nous ne nous y risquerons peut être pas à toutes les spécialités philippines telles que les balut ou la viande de chien. Nous ne manquons pas de savourer les bons poissons frais et les fruits sucrés (la mangue des Philippines a d’ailleurs déjà été inscrite au guiness des records comme fruit le plus sucré au monde).
Pour célébrer notre arrivée le ciel bleu indigo prend une inquiétante tournure noirâtre et le vent souffle : le typhon Melar traverse les Philippines. Généralement épargnée des typhons, l’île de Palawan ne connait bien heureusement pas les mêmes séquelles que quelques unes de ses voisines du Nord Est. Malgré cela les bankas de la baie sont conduites dans une baie voisine plus abritée, toutes les sorties dans l’archipel sont annulées. Pendant une petite semaine, la petite ville touristique se met en pause, nous nous contentons de repos, lectures et petites balades alentours.
Le beau temps revenu, Nicolas passe toutes ses journées sous l’eau puisqu’il a entamé sa formation de guide de plongée avec Florent un ami de Lyon qui tient le centre de plongée Aquanaut depuis quelques années. C’est à bord de « banka », le bateau traditionnel de bois, que les excursions sous-marines partent tous les matins dans l’archipel de Bacuit (site découvert par le commandant Cousteau). Dès la première plongée une raie manta accompagne leur sortie, c’est la chance du nouvel arrivé car on ne les observe que rarement dans cette zone. Sous l’eau c’est un festival de formes et de couleurs, avec des centaines d’espèces sous marines : tortue, raie, poisson clown, poisson coffre, poisson globe, poisson papillon, manti…
Pendant ce temps là, le nouveau duo terrestre exclusivement féminin : Stéphanie et Sophie, explore les environs à pied, à vélo ou en kayak.
Depuis El Nido la mer est perlée d’îles et îlots éloignés de quelques kilomètres les uns des autres, une zone idéale pour la découverte par les eaux en kayak. Non plus à coups de pédales, mais à coups de pagaies, nous glissons d’une plage à une autre, d’un site de snorkeling à un autre, avec notamment plusieurs jardins de coraux (snorkeling : nage avec palmes, masques et tubas). Avec 200 espèces de coraux recensées, les Philippines peuvent s’enorgueillir du 2e rang mondial en terme de diversité. Aux coraux s’ajoutent l’incroyable diversité de poissons et crustacés.
Même si la notion d’écologie ne respecte pas du tout les mêmes critères que ceux que nous attendons en Europe, l’île de Palawan se veut inscrite dans une démarche de protection de l’environnement ainsi des dizaines de sites sont classés comme « zones protégées ».
A quelques kilomètres en vélo du village une plage de sable blanc est idéale pour la natation, que de mieux pour un bon réveil matinal que quelques brasses dans les eaux à 30°. Plus au nord à une vingtaine de kilomètres de route et pistes, traversant de beaux paysages verdoyants de rizières et forêts tropicales, une large plage s’ouvre sur le large laissant entrer quelques vagues.
Fervents croyants et pratiquants la fête de Noël est importante aux Philippines, toute la semaine précédent le 25 des groupes de villageois, bonnets de Père Noël sur la tête, passent de maison en maison pour chanter des chants de Noël traditionnels mêlant la langue anglaise et tagalog.
A la veille de 2016 les pétards et autres feux d’artifices retentissent depuis le petit matin annonçant le réveillon du soir.