Géorgie, Petit Caucase et Mer Noire

Géorgie, Petit Caucase et Mer Noire

6 septembre 2015 8 Par pignon sur monde

Pour entrer en Géorgie, nous franchissons notre plus haute frontière car le poste de douane entre Arménie et Géorgie est situé sur un col à 2150 mètres.

Après la traversée d’un vaste plateau volcanique aux pâturages verdoyants nous plongeons dans une faille, la route se resserre et descend en pente douce. Végétation de plus en plus verte, de part et d’autres de petites et grandes cascades qui jaillissent des parois escarpées : un nouveau décor nous entoure.

Petite halte pour découvrir le curieux mélange de styles du magnifique château d’Akhaltsikhe qui fût un temps géorgien orthodoxe, un autre turc musulman.

Nous nous régalons à gravir les 20km de montée sur piste caillouteuse qui mènent au col de Goderdzi : de vastes forêts de conifères s’ouvrent doucement sur les pâturages d’altitude. A l’approche du col, en fin d’après-midi, nous sommes accompagnés par les troupeaux de vaches qui rentrent, toutes seules, au village. Salués par les enfants, nous traversons le petit village de maisons éparpillées. Construites de bois et de taules majoritairement, certaines façades ressemblent à de vrais patchworks de matériaux divers et variés.

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Au col un petit restaurant nous attire, on décide d’y manger. Nous ne savions pas que nous nous étions assis à l’une des meilleures tables de la région car nous ne remangerons pas d’aussi bons « hinkhali » par la suite.

Les « hinkhalis » sont de gros raviolis à la viande. La première fois que l’on en mange un on se fait surprendre, car l’on ne sait pas encore que le « hinkhali » est empli par moitié de farce et par moitié de bouillon. Mais quand on se retrouve une fois les mains, les manches et plus encore, couverts de bouillon, on apprend immédiatement à manger le « hinkhali » avec la distinction des géorgiens.

Alors que la température baisse vite en soirée à cette altitude, on est heureux de se faire servir une sorte de fondue revisitée: fromage fondu, crème et oeuf. Un bon plat d’hiver à la montagne, parfait pour se réchauffer.

Aussi adorables que bons cuisiniers, spontanément le couple gérant le petit restaurant nous invite à planter la tente dans leur jardin. Il n’y a pas meilleure vue, on se régale du soleil couchant et nous sommes aux premières loges pour admirer le levant du lendemain.

Depuis notre petit déjeuner nous observons les va-et-vient des travailleurs s’apprêtant à entamer leur journée. Trois d’entre eux viennent prendre ce que l’on s’attendrait à être un café, mais non, ils se partagent une bouteille de 2 litres de bière.

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Sur 30km de piste caillouteuse la descente du col est presque plus sportive que la montée mais quel magnifique spectacle : prés où les foins sont en cours de fauche, forêts mixtes, petits hameaux souriants… Bientôt le col sera une station de ski et la piste d’accès une route goudronnée, quelques remontées mécaniques sont déjà installées.

Descente vers la Mer Noire, sur une distance de 115 km nous passons de 2025 à 0 mètres d’altitude. Nous quittons la végétation rase d’altitude, plus nous descendons plus l’humidité est marquante, la végétation luxuriante, et les potagers regorgeant de tous types de fruits et légumes. Alors que nous installons le bivouac pour la nuit, un voisin vient nous couvrir de fruits et légumes de son potager, il y en a pour des jours de vivres.

DSC_2796Direction le petit village de Kvariati, en bord de mer, à la frontière turque. Alors que nous demandons notre chemin au propriétaire d’un hôtel chic, en plus de nous l’indiquer, il nous invite aussi à planter la tente gratuitement sous les arbres devant son hôtel et utiliser les sanitaires communs du personnel.

Pause balnéaire oblige, Nicolas vérifie si la Mer Noire porte bien son nom en allant en explorer les fonds marins, en compagnie d’un ancien plongeur de la garde militaire du président géorgien.

Qui dit région tropicale, dit petites bêtes. Après deux jours sur la côte on ressemble à de vrais sapins de Noël tant on a de spots rouges de piqures de moustiques sur le corps. Et quelle drôle de surprise que de trouver un scorpion dans notre carnet de note en pliant la tente. On frissonne à l’idée d’avoir dormi une à deux nuits avec ce colocataire non-désiré.

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Après deux jours de pause balnéaire, souhaitant aller arpenter le relief du Haut Caucase au Nord de la capitale, nous reprenons la route. Traversée sans escale de l’exubérante ville et cité balnéaire de Batumi, mais balade dans son beau parc botanique. Vieux de plus d’un siècle, il reproduit les zones tropicales des différents continents.

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Depuis la côte de la Mer Noire, puisqu’à présent nous sommes friands de relief à franchir, nous quittons la voie principale et plate de Tbilisi pour de petits axes de campagnes au relief vallonné.

Depuis notre entrée en Géorgie, nous avons retrouvé sans engouement les orages, une nuit sur deux nous sommes trempés. Dans ces campagnes nous connaissons le pire de tous les orages, sa violence nous surprend. Même si la tente n’est à priori pas installée en zone à risque pour la foudre, le risque zéro n’existe pas en bivouac et l’orage est si violent que nous songeons à rejoindre un abri plus sur. C’est alors que la foudre frappe à deux pas de nous, certainement sur un poteau électrique dans le pré d’en face à une centaine de mètres. Nous passerons une partie de la nuit accroupis sous nos capes de pluie dans une dépression de terrain proche, à défaut d’être complètement à l’abri de la pluie nous étions à l’abri de la foudre.

Au petit matin, nous profitons d’une accalmie pour plier le camp et nous mettre rapidement en route car nous savons que le prochain orage est proche. Nous avons juste le temps d’atteindre le village quand il éclate, une famille nous accueille gentiment au sec et nous sert un copieux petit-déjeuner. Petit sourire aux coins des lèvres, le père de famille se fait une chiquenaude dans le cou, c’est ainsi que les géorgiens lancent une invitation à boire. Malheureusement pour nous les invitations à boire le thé sont loin derrière, il s’agit de la boisson traditionnelle géorgienne : le « chacha », du marc de raisin. Souvent fabriqué maison il dépasse généralement les 50°. Dur au petit matin après une nuit blanche sous l’orage.

La tempête se poursuit, nous avons entre 30 minutes et une heure entre chaque orage alors par petites étapes d’abris en abris nous rejoignons la gare et petite ville voisine dont nous sommes relativement proches. Une famille prend pitié de nous et nous emmène avec eux, vélos sur le toit, jusqu’à la gare. N’ayant pas de train avant le lendemain, ils nous concoctent un délicieux dîner avec les bons produits de la ferme et nous invitent à  passer la nuit dans leur charmante maison familiale en pleine campagne. Nous ne les remercierons jamais assez pour leur chaleureuse hospitalité.

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Arrivés à Tbilisi par le train, nous apprenons que la région de l’Adjarie que nous venons de quitter est passée en alerte orage et inondation, Batumi a les pieds dans l’eau. Nous apprenons aussi que la célèbre région viticole de la Khakhétie vient de perdre une partie de ses récoltes à cause des fortes pluies. Nous avons bien fait de prendre le train, malheureusement la météo ne nous permet plus de rejoindre le Haut Caucase, mais ce n’est que partie remise.

Nous louons un petit appartement dans le charmant vieux Tbilisi. Il nous faudra deux jours pour sécher toutes nos affaires. Après cinq mois sur la route cette pause est l’occasion de faire une remise en état, bichonner notre matériel et réimprégner de répulsif notre toile de tente.

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Dès que la pluie cesse, nous sillonnons la capitale, à pied. Une ville enchanteresse, aux quartiers décousus, aux balcons de bois finement ornés, avec l’omniprésence de la vigne qui recouvre les balcons et courre de maisons en maisons. Les incroyables enchainements d’envahisseurs : perses, arabes, mongols, turcs, russes… ont contribué à créer et influencer cette ville unique en son genre. Tbilissi est un des rares endroits ayant un quartier regroupant une mosquée, une synagogue et une église. Aussi ancienne ville-étape des caravanes de la soie la ville possédait plusieurs caravansérails.

A Tbilisi profite aussi d’une pause dégustation, on se régale d’excellents vins, car le pays a l’une des plus anciennes traditions et productions viticoles au monde, datant de plus de 7000 ans avec plus de 400 cépages différents.

Pour les accompagner parmi les spécialités culinaires géorgiennes le « kachapuri » : pâte à pain en forme de bateau mise au four avec un coeur empli de fromage, crème et oeuf, pour couronner le tout à la sortie du four le kachapuri reçoit un bon morceau de beurre à fondre. Question gain de calories, impossible de trouver mieux.

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Le temps passe vite, car à peine installés à Tbilisi que nous sommes déjà repartis, pour arriver (sans embuches cette fois) sur le sol kazakh. Depuis la plus grande ville du pays : Almaty, ancienne Alma-Ata, les steppes et sommets d’Asie Centrale s’ouvrent enfin à nous.