
Iran « Welcome to my country ! »
Cela fait 3 mois que nous avons quitté notre cher penti familial de Langolen, et 5.000 Km pédalés.
Journée riche en émotions pour passer la frontière iranienne : des culottes dérobées par vol à main armée (de bâtons), des heures à s’enraciner au poste frontière, un violent orage, et aussi notre première journée de vrai ramadan malgré les 90km pédalés (car dans tout cela nous n’avons pas pu nous cacher pour manger et boire).
Nous arrivons à la première petite ville iranienne en fin de journée, nous sommes en liquéfaction sous la chaleur, et nous n’avons guère envie de poser la tente dans le parc public. Alors qu’on se questionne sur notre choix d’hébergement un monsieur nous interpelle et nous sommes accueillis comme des princes chez lui et son adorable famille. Ils nous concoctent un bon dîner iranien et nous plongent dans la douce hospitalité iranienne telle que nous l’avions imaginée.
Nous quittons nos gentils hôtes iraniens en fin de matinée et parcourons une trentaine de kilomètres. Pour pouvoir déjeuner sans froisser les regards, on se cache derrière des buissons. Au bout de 10 minutes une petite famille surgit de nul part et nous offre pain, tomates, concombres et fromage pour le déjeuner. Surprenant en cette période de ramadan. Nous sommes dans leur verger et repartons avec des kilos de fruits et les restes du repas, incluant même la nappe, à l’arrière du vélo.
Nous continuons sous une chaleur écrasante. A plusieurs reprises des routiers turcs nous invitent à boire le çai, nous n’hésitons pas une seule seconde, tout est prétexte à faire une pause à l’ombre sous les camions (et aller pratiquer nos rudiments de turc). Tant de kilomètres parcourus : l’un d’entre eux, originaire du sud de la Turquie, a chargé son camion à l’aéroport de Lyon St Exupery et livre à Téhéran, un autre part livrer à Bishkek à 6000Km de là (nous rappelant au passage toute la route restante à parcourir avant d’arriver au Kirghizistan).
Nous frôlons les 40 à 45°C à l’ombre en journée et nous sommes réveillés au tout petit matin car à peine le soleil a t-il pointé ses premiers rayons qu’il fait déjà bien trop chaud sous la tente. Beaucoup nous disent que c’est une année exceptionnelle : il fait rarement aussi chaud. Nous sommes passés des montagnes orageuses et relativement fraiches de Turquie, à la chaleur extrême des régions désertiques de l’Iran. Peut être en réaction à ces chaleurs, nous passons chacun notre tour quelques jours au lit sous fièvre à Tabriz, puis Téhéran.
Nous savions par avance que pour découvrir tous les trésors de la Perse Antique, dans un pays qui fait quatre fois la France, nous serions tenus de prendre des transports en Iran. La chaleur a déjà raison de nous, on abdique plus tôt que prévu, et prenons le bus pour terminer notre chemin jusqu’à Tabriz.
Même sans sac au dos, on retrouve les joies du routard : nous attendons environ 5 heures notre bus. Des chauffeurs de taxi viennent à tour de rôle nous taper la causette, nous offrir du çai et de la pastèque.
Chaque jour nous sommes surpris de voir que le ramadan n’est pas aussi strictement suivi que nous le pensions. Nous apprendrons ensuite que seulement 20% de la population le suit réellement. Pourtant la republique islamique impose la fermeture de nombreux restaurants et points de ventes alimentaires en villes en journée. D’ailleurs en ville la police religieuse rôde et intervient si quelqu’un boit ou mange en extérieur, les touristes ont dérogation spéciale mais doivent être discrets.
En Iran, nous sommes multimillionnaires !!! Mais complètement perdus avec la monnaie locale. Il y a tant de 0 dans leurs monnaies qu’ils coupent d’une à plusieurs décimales, ne parlant et n’affichant pas en Rials mais en Tomans.
100.000 Rials = 10.000 Tomans = 3,2 Euros (cours de début juillet). Alors qu’au restaurant on nous annonce une note de 42, il faut déduire qu’il s’agit de 420.000 (Rials), pourtant sur le menu est noté 21.000 (Tomans). Troublant au départ, mais on s’accoutume à cette gymnastique.
Tabriz est une belle introduction à l’Iran. Son bazar, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, est un formidable méli-mélo d’échoppes, de caravansérails, de petits ateliers… Les marchés ont leurs secteurs respectifs, sont majoritaires les marchands de tapis, mais aussi fruits secs, fruits et légumes, bijoux, chaussures, textiles, laines, etc. Ce sont au total 7km2 de dédale couvert.
A Tabriz chaque 10 à 50 mètres on nous demande avec un anglais cassé (enfin, on demande à Nicolas) : « where are you from Sir ? », « How do you like Iran ? », … on nous invite à dîner ou on s’excuse de ne pouvoir nous offrir un thé car c’est ramadan.
De nombreux iraniens anglophones nous font des louanges pour ne pas nous être arrêtés aux dires des médias occidentaux, et nous remercient d’être venus rencontrer par nous-même les iraniens et découvrir par nous-même leur culture.
A vélo, a pied ou en toutes situations, on nous interpelle avec des « WELCOME TO MY COUNTRY !! » (Bienvenue dans mon pays !).
Pour rejoindre Téhéran, nous testons le réseau ferroviaire iranien. Bien plus lent que le bus, les rails font des courbes ininterrompues. Nous traversons un désert parfaitement plane, on croirait un océan ne distinguant que la ligne d’horizon au loin. Nous sommes frustrés de ne pas y pédaler, mais nous savons que nous aurions souffert sur nos vélos ; en cette saison la région est trop hostile pour nous.
Conduite anarchique, joyeux bordel, nous sommes bel et bien à Téhéran ; et enfin sur le continent asiatique. On s’accoutume bien vite à la capitale iranienne.
Le bazar de Téhéran est aussi grand que celui de Tabriz, mais plus récent et moins traditionnel tant par les échoppes que par son architecture. Quelques rues et venelles arborent les beaux plafonds en dômes, mais beaucoup de ruelles pré-existantes ont simplement été recouvertes de taules.
Ici les marchands de tapis sont également présents, mais après avoir sillonné le bazar, deux secteurs nous semblent majoritaires :
- le paradis de la contrefaçon : on y trouve absolument tout pour falsifier les grandes marques textiles internationales, chaque échoppe a sa spécialité : étiquettes de taille à coudre au vêtement, étiquettes en carton à accrocher au vêtement, boutons et même les sacs plastiques arborant les marques pour que le client pense vraiment repartir avec la marque mentionnée jusqu’au bout de la vente.
- les sous-vêtements féminins, des kilomètres d’étalages de sous-vêtements tous plus vivement colorés les uns que les autres. De quoi contraster nettement avec les voiles noir intense que nous sommes autorisés à voir de l’extérieur. Echoppes toujours tenues par des hommes, bien entendu.
Notre chasse aux visas se poursuit : nous récupérerons le visa turkmène à Mashhad avant la frontière, mais nous rentrons bredouille du consulat chinois. Depuis quelques jours seulement, la validité octroyée par le consulat chinois de Téhéran a changée. Le visa nous impose dorénavant d’entrer en Chine dans les 30 jours suivant son émission : mission impossible en vélo évidemment. A quelques jours près nous bénéficions encore des anciennes règles, très arrangeantes, nous n’avons vraiment pas de chance. Nous re-tenterons depuis l’Ouzbékistan, ou le Kirghizistan à défaut, que nous savons bien moins arrangeants.
Bonne nouvelle par contre, depuis le 26 juin les Kazakhs ouvrent leurs frontières : plus de visas pour quelques nationalités dont les français. Nous traverserons donc une partie des steppes du Kazakhstan pour entrer au Kirghizistan par le Nord.
La chaleur nous rend complètement amorphes en journée, on adapte notre rythme nous activant le matin puis en fin de journée. Est-ce un signe d’acclimatation : la nuit si le thermomètre descend sous 27°C on s’enroule dans nos duvets (pourtant prévus pour 0°C…) ?
Nous quittons Téhéran pour nous plonger dans les trésors de la Perse antique. Direction Kashan, Ispahan, Shiraz, Persepolis, Yazd,…
Toujours aussi passionnant ! On se régale en suivant votre périple ! Sur notre planisphère on vous suit à la trace en matérialisant votre parcours! En Chartreuse les températures dépassent les 35°!
Bonne traversée de l’Iran! On vous embrasse ! Pierre et Marie
Hello,
Bien content de voir que ça avance. Un petit message pour vous dire que mon programme ayant changé, nos routes vont-elles se croiser ? Je serai en Kirghizie du 19/07 au 9/08 et en Iran du 9 au 23/08. Puis à nouveau du 15 au 30/09. A partir du 5/10 ce sera le Népal. Si jamais ça colle ……?
Bises et bon courage
François
Merci pour ce nouvel épisode. J’attends la suite avec impatience.
Bon courage !
Super, vous etes extraordinaires , vos descriptions sont passionnantes et si loin des sentiers battus
Continuez
Passionnant je me régale de vos aventures et photos magnifiques !
Belle route à vous.
Hello! Vos excellents commentaires nous font voyager. Ici Le Tour de France a terminé son périple.A bientôt, Philippe
Je t’envoie un peu de fraicheur depuis le bout du monde….sur la presqu ile c est loin d’etre la canicule.
Peux tu m envoyer un mail ? J ai besoin de te contacter mais je n ai pas ton mail perso.
Bonne route a tous les deux
Cathy
coucou
je constates que vous avez très chaud ,et bien en bretagne c’est pas le cas 8°à 12° le matin et à peine 20° l’après midi .Cela doit être difficile de pédaler avec cette chaleur .Quelle aventure vous vivez merci pour vos commentaires continuez à nous faire rêver ,bon courage à tous les deux hâte de vous lire;
bon vent à bientôt
Salut,
Ça fait vraiment plaisir de vous savoir là-bas et de suivre vos pérégrinations.
Courage pour la suite.
À bientôt
Bises à tous les deux