
çai, çai, çai
Alors que certaines villes frontalières nous ont semblé austères en Europe, nous arrivons en Turquie, plus exactement en Thrace Orientale, par une de ses anciennes capitales ottomanes. Edirne, avec son vaste centre historique pavé, ses multiples échoppes en tous genres, sa mosquée datant du 16e siècle, etc., la liste est longue ! Edirne nous plonge immédiatement dans l’atmosphère vivante de la Turquie.
En quête d’un douillet bivouac en sortie d’Edirne, nous nous arrêtons à une station service pour faire le plein d’eau. Nous avons la bonne surprise d’être accueillis comme des princes par Erdem, pompiste-cyclorandonneur. Notre guitoune trouve bien vite sa place dans les vignes à l’arrière de la station. Erdem nous concocte dîner et petit-déjeuner turcs ; un vrai régal !
Pour rejoindre Istanbul, nous empruntons la D100, voie directe mais passante. Après plusieurs dizaines de kilomètres de zone industrielle ininterrompue, nous sommes contraints de bivouaquer entre deux usines. Au réveil, nous découvrons un dépôt noirâtre non-identifié sur la guitoune. Vite fuyons !
Pensant longer la mer de Marmara nous sommes bien déçus de constater que la côte est privatisée. Mais par le hasard des choses nous nous retrouvons à faire du bateau-stop sans l’avoir prévu. Nous embarquons à bord d’un bateau en partance pour Istanbul. A peine à bord on nous inonde de sandwichs, jus de fruit et eau, et nous sommes vite conviés à danser sur le pont supérieur sur de la pop turque particulièrement dynamique.
Interrogatifs, nous nous questionnons sur la nature de cette embarcation et nous apprenons qu’ils rejoignent un grand meeting politique à Istanbul (le 7 juin avaient lieu des élections législatives en Turquie).
Quelle chance d’arriver à Istanbul par la mer ! La vue depuis le large dévoile toute l’ampleur de la grandiose Istanbul. Rappelons que l’agglomération stamboulite est une des grandes mégalopoles du monde avec environ 14 millions d’habitants pour plus de 5000 km2.
A l’arrivée au port, ce sont plusieurs dizaines de bateaux similaires aux nôtres qui attendent pour accoster. C’est une véritable marée humaine qui rejoint le meeting politique car il en arrive bien plus encore par bus et à pied depuis la ville.
Notre point de chute est situé dans la quartier central et vivant de Beyoglu qui est envahi par une seconde marée humaine complètement déchainée et armée de fumigènes : l’équipe de football d’Istanbul, le Galatasaray, vient de remporter le championnat national. C’est la folie toute la nuit.
Istanbul… Nous y passons une petite semaine, il faut au moins ça pour ressentir l’essence de la ville et parcourir ses richesses.
Le quartier de Sultanamet est une concentration de sites emblématiques : Mosquée Bleue, Citerne Basilique, Saint Sophie, Mosquée de Solimane le Magnifique… La ville grecque de Byzance voit le jour au 6e siècle avant JC, devient la Constantinople de l’Empire Romain au 4e siècle, puis la capitale des sultans ottomans dès le 15e siècle, pour enfin être déchue de son statut de capitale à la création de la République par Ataturk en 1923. Durant des siècles Istanbul fut l’une des plus grandes richesses artistiques et architecturales de l’humanité.
Mais nous sommes vite saturés par les foules de touristes qu’attire Sultanamet au quotidien, les interminables files d’attente à l’entrée du moindre site historique, les prix des entrées qui ont presque doublé en quelques années, etc… Dans le magnifique Grand Bazar les finesses et senteurs de l’Asie d’antan ont laissé place aux babioles à touristes « made in China ». Découvrir l’architecture de ce labyrinthe est incontournable, d’autant plus qu’il était le point d’arrivée finale des caravanes des routes de la soie. Mais nous déconseillons vivement à quiconque d’y faire des achats, ou alors tout tarif annoncé doit être négocié à 75% moins cher (au minimum).
Nous préférons nous perdre en marge de l’affluence touristique dans le dédale de petites ruelles bordées de magnifiques maisons ottomanes en bois et petites mosquées de quartier. Les échoppes et ateliers, aussi vivants qu’archaïques, côtoient de grands boulevards arborant les grandes enseignes internationales. Il fait bon siroter un « çai » (thé) dans une des innombrables petites terrasses, baignés dans les odeurs de tabac à la pomme des narguilés. Partout les cris des vendeurs ambulants de petits pains au sésame, de fruits ou autres denrées fraiches retentissent.
Les sept collines de la ville dominent l’estuaire de la Corne d’Or et le détroit du Bosphore. Le détroit est un ballet incessant de « vapur » (bateaux de passagers) reliant l’Europe à l’Asie, de petites embarcations de pêcheurs et d’immenses porte-containers, sous des nuées de mouettes.
Au coucher du soleil se dessinent les coupoles des églises byzantines, et les minarets des mosquées ottomanes d’où jaillissent les appels à la prière.
Quel formidable fourmillement cosmopolite. Istanbul invite à l’éveil des sens plus que nul par ailleurs !
Pour éviter le trafic routier, nous quittons Istanbul comme nous y sommes arrivés : par la mer de Marmara. Depuis Yalova nous filons vite à travers les petites routes de montagnes au trafic quasi nul mais au tracé des plus directs. Ici on ne s’embête pas à adoucir la pente de lacets, ça file droit dans la pente. Pour pimenter le tout nous avons au moins un orage chaque jour et/ou nuit. Malgré les litres de sueur versés sous la moiteur orageuse, les montagnes nous offre de belles récompenses.
Chaque col nous ouvre sur de nouveaux paysages, nous traversons les oliveraies de la région d’Iznik et des cultures maraichères en fond de vallées.
Sur les hauts plateaux nous rencontrons quelques bergers avec leurs troupeaux, sous l’oeil vigilant de leurs massifs « kangal », les bergers d’Anatolie. Beaucoup de ces magnifiques chiens vivent en meute livrés à eux-mêmes. Sur les bords des routes, nous en croisons quantité aux regards implorant un peu d’amour et de nourriture. Sans le vélo, on en aurait bien adopté une dizaine jusqu’à présent.
Impossible de passer une journée sans se faire inviter à boire le fameux « çai » turc (à prononcer « chaï »), que ce soit dans un village à une terrasse où les hommes se réunissent pour jouer aux cartes, ou dans les vignes ou champs de cultures.
Plus nous montons sur le haut plateau anatolien, plus le paysage forme un patchwork de couleurs : blanc, ocre, rouille, bordeaux.. en passant par le vert des cultures. Paysages qui ne sont parfois plus lunaires mais martiens, tant les roches et la terre tendent sur un rouge vif.
La magie du voyage réside dans les imprévus, qui sont bien heureusement majoritairement positif, alors que nous stoppons à la petite réserve ornithologique de Nallihan, nous sommes invités à passer la nuit par le garde. Nous assistons au retour de pêche des centaines de cormorans qui nichent à la réserve. Cette nuit là éclate le plus violent orage que nous connaissons jusqu’à présent et nous sommes drôlement soulagés d’être au sec dans la salle d’exposition, sous les crocs d’un loup empaillé.
Route vers la capitale turque : Ankara, en faisant escale dans la capitale turque de la carotte : Beypazari, qui avec 60% de la production de carotte du pays arbore fièrement des statues de carottes dans son joli centre historique datant de l’époque hittite. A Beypazari, nous découvrons avec enchantement la rénovation de leur somptueux caravanserail.
Notre chasse aux visas est commencée, à Ankara ce matin nous collectons le visa ouzbek. Espérons que les suivants soient aussi simples à obtenir.
La Cappadoce s’ouvre à nous, nous y serons dans quelques jours…
çok teşekkürler Erdem, Cavit, Engin, Ahmet & Amina…. ! 😉
Bonjour les courageux voyageurs, c’est avec un grand plaisir que l’on peut lire chaque semaine les résumés de votre grande aventure. Je les imprime tous afin que pépé et mémé puissent également en profiter car pépé vous suit de très près !! Je suis bien contente de constater que tout se passe bien. On pense très fort à vous. Bonne continuation. Bisous
Anne Marie
Que dire si ce n’est une fois de plus que vos photos nous font rêver moi et Laurence.
Et qu’il est vraiment plaisant d’avoir des nouvelles de votre périple.
Amusez vous bien. Ici aussi on a des orages. Et même en Velo’v on est trempé. Manque juste la poésie de votre aventure.
Grosses bises à vous deux
J’abandonne mes bouquins! Vos commentaires et vos photos les remplacent. Ils nous font voyager, rêver. Un moment d’évasion… Merci. Bonne route à vous 😉
merheba Stefanie & Nicolas,
depuis votre départ à Ankara (le 13 juin) on a plus rien vu sur votre website. Est-ce ça vous a plaît en Cappadoque ? Ou est-ce que vous êtes entre-temps en Iran ?
Nous avons quitté Ankara le 18 juin et nous sommes arrivé à Trabzon dimanche le 28 juin en compagnie de l’autre couple belge Marc & Marie-Joseé (voir leur website http://www.denauw.be). Hier, on a finalement reçu notre code d’authorisation pour l’Iran après presque un mois d’attente. Lundi le 6 juillet on peut retirer le visa au Consulat de Trabzon. Entre-temps, nous sommes ce WE retournés à Ankara pour supporter les YELLOW TIGERS (volleybal dames), qui y jouent contre la Turkey, l’Italy et les Etats Unis. On dort dans le Deeps Hostel, la chambre 12 !!!
Laissez quand-même un message sur notre E-mail pour savoir si vos etes toujours en bonne route.
Salutations amicales
Guido & Agnes